

Depuis la fin des années 1990, avec la prolifération de la tactique du black bloc en manifestation et le recours à la destruction de propriété (banques, voitures de police, etc) comme forme d’action poli- tique, on associe généralement dans les milieux militants l'action directe à la destruction. Sans doute, ces actes sont des actions directes.
Si la situation canadienne est moins catastrophique que pour d'autres régions du monde, nous ressentons tou·te·s le poids d'une inflation de plus en plus inquiétante. Les prix montent plus rapidement que les salaires et nous restons sans véritable levier pour agir sur la situation. Dans l'ordre néolibéral, les bourgeois font ce qu'ils veulent et le peuple subit sans mot dire. Les loyers, l'épicerie et les transports sont une charge de plus en plus pesante sur nous, et tout est à parier que les choses n'iront pas en s'améliorant.
Oyé oyé, La police nous fait chier, intimide et tue. Une camarade trans s’est fait arrêtée avec un feu d’artifice dans le cadre de la manifestation anticapitaliste du 1er mai 2021 et l’État confond visiblement un feu d’artifice avec une arme à feu, puisque celle-ci risque la prison. La judiciarisation de cette camarade est particulièrement inquiétante, elle risque de créer un dangereux précédent quant aux conséquences légales d’utiliser des feux d’artifice en manifestation.
La police comme les prisons sont des institutions qui ont été mises en place pour maintenir un ordre social capitaliste et raciste. Que ce soit à la suite des commission d’enquête sur la SQ après la crise d’Oka ou celle survenu après la grève étudiante de 2012, on trouve toujours les recommandations de restructurer les organisations ou de réévaluer l’utilisation de tel ou tel type d’arme. Pendant que la liste des victimes des services de police et des prisons s’allonge au Québec comme ailleurs, on agite encore l’idée des enquêtes et des réformes. Pire, certain-e-s demandent plus de formation ou des gadgets technologiques comme des caméras, qui n’auraient pour seul effet que d’augmenter le budget des services de police. Si la crise américaine actuelle nous a appris quelque chose, c’est que les caméras ne servent à rien : La mort d’Ahmaud Arbery a été filmée, mais c’est seulement quand la population s’est soulevée contre les policiers, les procureurs et les juges qui ont essayé de balayer la cause sous le tapis que les meurtriers ont été arrêtés. La mort de George Floyd a été filmée, mais c’est seulement après trois jours de manifestations que des accusations ont été portées, d’abord sur un seul des policiers impliqués. L’impunité totale des services de police et l’injustice massive du système carcéral ne se régleront pas par une enième réforme de plus. Cette impunité se doit d’être répondue par l’abolition de ces institutions.
Après plus d'une décennie de lutte, des personnes arrêté·e·s lors de 16 manifestations qui se sont soldées par des arrestations de masses entre 2011 et 2015 ont finalement obtenu gain de cause face à la ville de Montréal et au SPVM en signant une entente hors-court pour obtenir dédommagement pour les tords subis.